I) Claire Lise et Milan vous proposent une version de la dispute entre Hakim et Grace :
Grace : On peut parler ?
Hakim : Ouais si tu veux.
Grace : J’ai l’impression que tu m’aimes...
Hakim : Euh... qu’est-ce-qui te fait dire ça ?
Grace : Tu me regardes toujours en classe !
Hakim : Je regarde ta pote sale folle !
Grace : Donc tu m’aimes pas ?
Hakim : Bah non j’aime ta pote je viens de te le dire !
Grace : (En s’énervant) Quelle amie ? Je me sens seule, je n’ai pas d’amies.
Hakim :( En ricanant) T’es une sans amies alors ? Miskina 1
Grace : Tu es fort cruel, je souffre .
Hakim : Mdr ça fait de la peine sale victime.
Tommaso :( En s’avançant vers eux) Vas y, arrête toi ! Tu vois pas qu’elle a les larmes aux yeux ?
Hakim : Narvalo 2 tu veux quoi ? Tu t’incrustes dans la conversation.
Tommaso : Eh Eh ! Mecton 3 ! Parle correctement !
Grace : S’il vous plaît les garçons je ne voudrais pas faire d’histoire...
Hakim : Bah allez, barre toi alors !
Grace : (En partant au bord des larmes) excusez moi, je... je pars .
1:ma pauvre
2 : personne qui embête tout le monde
3:homme (garçon)
II) Chloé et Anastasia ont imaginé la scène de dispute pendant le cours :
Hakim : Sinon ça va ?
Grace : C’est pas le moment. Je travaille !
H : Et avec ton nouveau copain ça se passe bien ?
G : Je t’ai dit que je travaillais.
H : Et il est aussi intelligent que moi ?
G : Non... encore plus !
H : T’es sérieuse
G : Oui très... mais je travaille !
H : Tu connais la blague du petit déjeuner ?
G : Non.
H : Pas de bol !!!
G : T’es relou, fous moi la paix !
H : Si on peut même plus rigoler.
G : Tu sais quoi je vais changer de place
(Elle se lève)
H : Qu’est ce que tu fous ?!
G : Je pars !
(Il se lève à son tour et commence à s’énerver)
H : Juste pour une blague, tu t’énerves !
G : Bah ouais je suis comme ça, ça te pose un problème ?!
H : Pourquoi tu t’énerves ?
(Le prof se retourne et se dirige vers eux)
G : T’es jaloux pour un rien !
H : Et toi t’as pas d’humour !
Prof : Vous deux vous perturbez le cours ! Taisez-vous !
(Malgré les avertissements du prof, la dispute continue)
G : Juste pour un garçon tu pètes un plomb !
H : Tu peux comprendre que je sois jaloux !
G : Oui mais t’as pas à l’être !
H : Continue comme ça et tu t’en prends une !
G : C’est des menaces ça ?!
(Le prof se lève exaspéré par leurs chamailleries)
Prof : Hakim tu sors !!!
H : Mais j’ai rien fait !
Prof : Hakim tu sors maintenant !
(Grace se lève et quitte la salle.)
Prof : Grace reviens !
(Il n’y a plus un bruit dans la salle. Tous semblent choqués.)
Charlotte : Mais c’est injuste monsieur, c’est Hakim qui doit sortir !
Pas Grace elle n’a rien fait.
Martin : Elle y est pour quelque chose quand même !
Il ne s’est pas énervé tout seul !
Jules : On ne cherche pas un coupable, on veut juste savoir pourquoi
elle est partie !
Prof : Silence ! Le cours continue !
Hakim, quant à toi, on ira voir la principale à la fin de l’heure.
III) Kindra, Amin, Rayane et Anaïs ont continué votre scène :
Rayane : C’est vrai que vous vous êtes disputés ?
Hakim : Oui c’est vrai, mais c’est elle qui a commencé à me chercher.
Anaïs : Non c’est pas vrai, elle t’a juste parlé d’un voyage aux États-Unis, je crois.
Kindra : Je me rappelle qu’une fois elle m’avait raconté qu’elle n’avait jamais connu son père, qu’elle savait qu’il habitait aux États-Unis car elle avait fait des recherches et qu’elle aurait bien aimé aller le rencontrer.
Hakim : Ça ne vous regarde pas, vous n’avez pas à savoir !
Anaïs : Mais dis nous, ça peut être grave ! Il peut lui arriver quelque chose.
Hakim : Je vais vous le dire mais ça reste entre nous !
Rayane, Anaïs et Kindra : Oui allez dis !
Hakim : En fait, il y a plus d’un mois, elle m’avait parlé d’un voyage aux États-Unis pour rencontrer ses parents biologiques. Elle m’avait demandé de fuguer avec elle pour aller voir ses parents, mais je ne voulais pas et chaque fois elle m’en parlait. La fugue était prévue pour aujourd’hui et on s’était disputés parce que je ne voulais toujours pas.
Rayane, Anaïs, Kindra : HAN ! Mais c’est grave ! Et tu sais où elle est ?
Hakim : Non j’espère juste qu’elle n’est pas partie toute seul.
Rayane : Mais c’est grave, il faut en parler à la police !
Anaïs : Oui c’est vrai, il peut lui arriver quelque chose de très grave !
Hakim : Non, non surtout pas, vous avez promis de ne rien dire, alors taisez-vous !
IV) Adrien, Jules, Loris et Tanguy ont voulu écrire un monologue après votre scène :
Hakim (seul) : Pendant le cours d’histoire Grace n’a pas voulu me prêter une feuille double pour le contrôle. Ça m’a énervé parce qu’elle en avait donné à plein d’autres. Hors de moi je me suis levé et j’ai crié que c’était toujours moi le discriminé. Grace m’a répondu qu’on n’avait pas tout ce qu’on voulait dans la vie. Je lui ai rétorqué que c’était du racisme. Comme Grace est extrêmement susceptible, elle en a fait un drame et elle a commencé à pleurer. Le prof s’est énervé et m’a ordonné de sortir de la salle.D’un seul coup, Grace s’est levée, j’ai pas compris et elle est sortie du cours à ma place en claquant la porte. Un grand silence a régné dans la classe et le prof, choqué, nous a alors demandé de sortir en récréation. Je me suis retrouvé comme d’habitude dans le coin de la cour, seul. Je repensais à la scène qui venait de se passer quand tout à coup j’ai reçu une claque magistrale de Grace qui a crié :
" Tu vas regretter ce que tu m’as dit !"
Je n’ai pas pu répondre car elle a hurlé :
"C’est facile d’insulter quand on est bien dans ses baskets, toi, tu as une vie facile ! Mais moi..."
Elle a fondu en larmes et est partie en courant. J’ai ressenti une grande culpabilité... Et ce matin elle n’était pas là ... je me sens très mal...
Bonjour chers élèves du collège Jean Moulin, je suis heureux d’entamer avec vous cette année d’échanges autour de cette pièce en écriture.
Je ne sais pas si vous avez fini de poster vos scènes. Je voudrais en tout cas féliciter ceux qui l’ont fait, car je trouve ces scènes fort intéressantes, et plutôt bien écrites. J’ai fait des commentaires à chaque groupe. N’hésitez pas à prendre connaissance des scènes des autres groupes, et également du travail des autres classes.
La semaine prochaine, fort de tout ce que m’ont envoyé toutes les classes, je reprends mon stylo et écris la suite de l’histoire !
En attendant je vous souhaite de bonnes vacances !
L’auteur.
Bonjour à vous trois et merci pour votre scène.
J’aime bien le début de votre scène, la façon abrupte, culottée ou maladroite que Grace a d’aborder Hakim, en lui demandant ce qu’il en est de ses sentiments. La gêne de Hakim est bien compréhensible et perceptible dans la réplique qui suit ("Euh... qu’est-ce qui te fait dire ça ?") et les deux questions, celle de Grace, puis celle de Hakim sont très drôles, car surprenantes, décalées. Ce qui est dommage, c’est que vous n’aboutissiez pas cette gêne de Hakim (et du coup l’humour du texte), le faisant trop vite passer à la violence verbale et aux insultes. Bien sûr, les insultes traduisent le malaise du personnage et son incapacité à parler à Grace mais comme vous ne faites pas réagir Grace (ou si peu) elle apparaît trop comme une victime (Hakim le dit lui-même). Vous pourriez donner à Grace les moyens de se défendre et provoquer ainsi un retournement de situation. Hakim en serait d’autant plus meurtri et se mordrait les doigts d’avoir cédé aux insultes.
Bravo, Chloé et Anastasia, pour cette scène très vivante, pleine d’humour et d’émotion aussi. Votre écriture est sensible et j’aime bien le lien que vous créez entre Grace et Hakim, sorte de jeu amoureux, dans lequel on devine de l’admiration pour l’autre, de la jalousie, de la douleur... En quelques répliques, vous dressez de Hakim un portrait qui me paraît juste : un garçon sensible, qui cache cette sensibilité sous l’humour ("Tu connais la blague du petit déjeuner..." Cette réplique m’a bien fait rire. Son accès de violence ("Continue comme ça et tu t’en prends une") peut s’expliquer par la jalousie qu’il ressent (mais ça ne l’excuse pas, hein, les garçons n’ont pas à se comporter comme ça envers les filles !) mais je trouve que la réaction de Grace n’est pas assez forte. Elle devrait "hurler" (au moins intérieurement) et asséner à Hakim une réplique bien sentie, qui pourrait lui faire regretter ses paroles. Le départ de Grace n’en serait que plus fort. A méditer...
Merci à vous quatre pour cette jolie scène, qui est bien construite, bien écrite et basée sur une idée forte : Grace est une enfant adoptée, qui veut aller rencontrer ses parents biologiques aux Etats-Unis. Voilà un "secret" de personnage qui est intéressant et qui peut engendrer chez ce personnage un mal-être (ou pas : connaissez-vous le phénomène de la résilience ?) et expliquer son comportement, ses actions. Ecrire du théâtre, c’est inventer des personnages et leur donner un caractère, une histoire personnelle, etc. C’est ce que vous faites ici en choisissant de faire de Grace une enfant "née sous x".
Par ailleurs, j’aime bien comment apparaît Hakim dans cette scène. Même s’il a refusé d’accompagner Grace aux Etats-Unis, on sent qu’il est proche d’elle et contrarié par sa fugue. C’est tout le groupe d’ailleurs qui est inquiet pour Grace et cette attention portée à l’autre est bienvenue dans votre scène. Beau travail !
Bonjour jeunes gens et enchanté de faire votre connaissance.
C’est une bonne idée que vous avez là : un monologue qui viendrait après la scène chorale du début. Alterner les scènes dialoguées et les monologues permet d’enrichir la construction d’une pièce de théâtre. Et puis c’est passionnant pour le lecteur d’avoir accès aux pensées du personnage. C’est une plongée dans son intimité, dans ses émotions. Ainsi, ici, on apprend que Hakim était "énervé", "hors de lui", qu’il éprouve souvent une certaine solitude ("Je me suis retrouvé comme d’habitude dans le coin de la cour, seul"), qu’il se sent "très mal", tout cela est bien vu, bienvenu. De plus, vous nous donnez une information importante, que vous ne développez pas dans cette scène, mais qu’il faudrait développer dans une autre scène par exemple : apparemment, la vie de Grace n’est pas facile. Elle semble être confrontée à des difficultés. Lesquelles ? Avez-vous une idée ?
Un conseil sur la construction du monologue lui-même : je pense que ce serait encore plus intéressant, si vous inversiez le début et la fin. Hakim devrait commencer par dire qu’il ne se sent pas bien, pour ensuite nous expliquer les raisons de son malaise. Cela renforcerait le suspens.
" Je me sens mal... Grace n’est pas là... Elle a fondu en larmes et maintenant je me sens coupable... C’est facile d’insulter quand on est bien dans ses baskets... etc."
Vous essayez ?